Sébastien Cantais,
responsable du Cabinet Cantais :
Sébastien Cantais est spécialiste
du marché de l'hôtellerie de plein air. Un secteur sur lequel les
investisseurs ont souvent des idées préconçues, souvent loin de
la réalité. Par conséquent mieux vaut être prudent au moment de
la transaction. Mieux vaut également s'assurer que l'on est fait
pour ce métier qui demande énormément d'engagement.
PME Commerces & Entreprises : Quels conseils donneriez-vous
à celui qui veut acheter un camping ?
Sébastien Cantais :
Avant de donner des conseils, je commencerais par des mises en garde.
Dans ce genre transaction, il faut en effet tout d'abord éviter
de commettre des erreurs qui peuvent s'avérer fatales. Et le premier
piège, c'est l'achat "coup de cur". On trouve ainsi des camping
à vendre à partir de 2 MF, mais il ne faut pas se leurrer. Avec
un tel prix de vente, il faut avoir énormément de chance pour trouver
une bonne affaire. Pour un camping en toute propriété, il faut au
moins investir 2,5 MF, avec un apport minimum de 40%. Et encore
: ces chiffres représentent vraiment un seuil presque illusoire,
compte tenu de la réalité économique de ce secteur. Car pour estimer
le prix de vente de ce genre d'affaires, il faut multiplier par
4 le chiffre d'affaires. Ce qui veut donc dire qu'un camping qui
réalise un chiffre d'affaires de 1 MF par an, coûtera au moins 4
MF au repreneur. Mais ces critères financiers ne sont pas les seuls
éléments déterminants. Encore faut-il en effet être fait pour ce
poste. En ce sens, il faut être conscient que la gestion d'un camping
n'est pas, comme certains investisseurs le pensent, une activité
de loisirs, loin s'en faut. Il faut en effet énormément de professionnalisme
pour maintenir son affaire au niveau exigé à la fois par les normes
réglementaires, et par une demande de la clientèle de plus en plus
exigeante.
PME Commerces & Entreprises : Quel est le bon
profil de l'investisseur ?
Sébastien Cantais :
Le profil type, ce serait en fait un couple dont le mari est bricoleur,
et dont la femme s'est déjà occupée d'un commerce, et qui sait parfaitement
gérer la comptabilité. Plus généralement, ces professionnels doivent
être des gens qui s'engagent totalement dans leur activité. Etrangement,
il y a très peu de lien entre le secteur de l'hôtellerie et celui
de la gestion d'un camping ou d'une base de loisirs. Car ces structures
nécessitent un engagement beaucoup plus important que celui d'un
hôtel. Même si le niveau de marge est à la mesure de ce surplus
ce travail, puisque la rentabilité est plus élevée dans le secteur
de l'hôtellerie de plein air. Il faut bien être conscient des difficultés
de ce genre de métier : quand on se retrouve face à l'obligation
de gérer l'accueil et l'hébergement de 300 campeurs, on réalise
immédiatement la difficulté de la tâche. Il faut d'abord savoir
que c'est un travail qui ne va pas simplement occuper le gestionnaire
pendant les trois mois d'été, mais plutôt pendant au moins huit
mois. Puisque, tout au long de l'année, il est essentiel de préparer
les installations et de les maintenir aux normes qualitatives nécessaires.
Ensuite, pendant la saison estivale, la charge de travail est évidemment
encore plus importante. Et si l'on veut faire tourner correctement
son affaire, il vaut mieux être capable de dormir au maximum six
heures par nuit à ce moment-là. Par conséquent, il vaut toujours
mieux modérer son ardeur lors d'un achat de camping, et miser sur
une affaire de moindre importance pour commencer. D'ailleurs, ce
sont généralement les petits campings qui permettent de dégager
les plus grandes marges.