Interview de Laurence et Martial BLIN
Par Jean-Pierre GRELBIN
du magazine DECISION Janvier 2002.


Laurence et Martial BLIN ont racheté le camping des Vignes d'Or, situé à Valras Plage dans L'Hérault, en décembre 1997. En quatre ans, après avoir tout refait, ils disposent enfin d'un outil de travail performant et rentable. Ravis de cette nouvelle expérience professionnelle, ils affichent aujourd'hui un regard optimiste sur l'avenir. Histoire d'une reprise habilement menée.

L'achat d'un camping peut s'avérer être une entreprise hasardeuse, surtout quand il s'agit de reprendre du foncier. Excepté quelques professionnels avertis qui ont su réaliser de bonnes affaires, bien des néophytes ont fait des investissements qu'ils ont amèrement regrettés par la suite. Pour Martial et Laurence BLIN, si tout n'a pas toujours été facile, ils affichent néanmoins un bilan très positif de l'opération et ne regrettent pas de s'être lancés dans la profession. Ceci-dit, ils avaient au départ de gros atouts dans leur jeu. Tout d'abord, ils bénéficiaient d'une sérieuse expérience des affaires, mais surtout ils disposaient de moyens financiers à la hauteur de leurs ambitions. En effet, Martial et Laurence BLIN sont originaires de la Somme où ils possédaient six entreprises dans la réparation automobile et le secteur agricole. Le point de départ avait été une petite affaire familiale dont Martial BLIN avait hérité de son père alors qu'il n'avait encore que vingt ans. Au fil des années ils ont diversifié et développé l'activité. C'est ainsi que, quinze ans plus tard, ils géraient plus d'une trentaine de salariés pour un chiffre d'affaires de quelques vingt millions de francs. Les entreprises généraient évidemment beaucoup de soucis et la vie devenait infernale d'autant qu'ils avaient deux enfants en bas âge que le jeune couple de voyait plus grandir. N'y tenant plus, ils décident de tout vendre en 1996 et de changer de vie. L'idée étant de placer la moitié du capital par sécurité et d'investir le reste dans un hôtel où les perspectives d'activités apparaissent comme nettement moins contraignantes.

Martial et Laurence BLIN commencent par visiter un hôtel en Bretagne. A cette occasion, Martial réalise qu'il est incapable de rester 12 heures derrière le comptoir à attendre le client. Le couple décident alors de changer leur fusil d'épaule et l'opportunité d'une annonce les amène à s'intéresser à l'hôtellerie de plein air. Ils visiteront 17 affaires jusqu'au jour où ils rencontreront Sébastien CANTAIS, un agent immobilier spécialisé de Montpellier, qui leur propose le camping "les Vignes d'Or " à Valras Plage. " Nous avons eu beaucoup de chance, déclare Martial, Sébastien CANTAIS est un bon professionnel qui connaît bien le métier et qui, de surcroît, est un homme honnête. Nous lui avons fait confiance et il faut reconnaître qu'il nous a bien conseillés ". En effet, la première visite du camping n'est pas très encourageante. Le lieu est sale, mal entretenu, et la gestion particulièrement floue. Mais l'agent immobilier sait que l'affaire a du potentiel pour quelqu'un qui saurait s'y prendre. Il s'attache à le démontrer à ses clients qui finissent par entamer une négociation. Celle-ci va durer un an et la signature interviendra le 1er décembre 1997. L'affaire sera délicate, d'autant que Martial et Laurence BLIN décident de ne pas reprendre la société existante qui est à la limite du dépôt de bilan. Ils ne veulent donc pas courir le risque d'avoir, à terme, à éponger un lourd passif. En revanche, cette décision occasionnera des frais supplémentaires.

En cette fin d'année 1997, le camping "Les Vignes d'Or " change donc de mains pour devenir la propriété de Martial et Laurence BLIN. L'investissement s'élève à 838.469 euros (5,5 millions de francs) auxquels vont s'ajouter 152.449 euros (1 million de francs) de frais de mutation. Cet achat se matérialise par un terrain arboré de 4 hectares, situé à 2,5 km des belles plages de sable de Valras, de deux blocs sanitaires en piteux état, d'un bureau d'accueil déplorable et d'une piscine. Quant aux infrastructures telles que les réseaux électriques, les adductions d'eau et le tout-à-l'égout, elles sont vétustes, fonctionnent mal et ne répondent plus aux normes. En outre, le site est occupé par du mobil-home résidentiel que l'ancien propriétaire a développé d'une façon anarchique. Devant cette situation, les BLIN, dès leur arrivée, vont devoir s'attendre à faire du grand nettoyage pour rendre le site un tant soit peu accueillant pour démarrer la saison. Celle-ci se déroule d'une façon encourageante et Martial et Laurence BLIN s'apercevront rapidement que l'affaire est effectivement fiable, qu'elle offre un réel potentiel mais qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour fonctionner dans de bonnes conditions. Dès la saison terminée, les nouveaux propriétaires se lancent dans de grands travaux de remise en état. Camion, tracto-pelle, voiturette électrique sont achetés et progressivement le terrain retrouve une belle allure. Simultanément, les propriétaires de vieux mobil-homes installés depuis des lustres aux vignes d'Or, n'apprécient plus outre mesure la nouvelle direction devenue plus exigeante sur la propreté et la tenue des parcelles. Par conséquent, ils quittent peu à peu les lieux, sans être pour le moins regrettés par Martial et Laurence Blin qui ont établi un règlement strict pour que le site cesse de se dégrader par des implantations sauvages. Ainsi les bons clients se plient-ils de bonne grâce aux nouvelles exigences, alors que les mauvais libèrent rapidement les emplacements.

Pour Martial et Laurence BLIN, l'hôtellerie de plein air est un métier facile : " Toutes les entreprises se gèrent de la même façon, souligne Martial. En ce qui me concerne, je raisonne à l'ancienne, comme un père de famille qui veut être tranquille… Quand on ne fait pas une course effrénée à l'argent, on peut se faire plaisir et réaliser ce qu'on aime. Simplement, il faut travailler. D'ailleurs pour réussir dans ce métier, il faut s'investir quinze mois par an. De surcroît, dans une affaire de ce type, il est indispensable d'être en mesure d'investir quinze mille euros chaque année pour que l'entreprise évolue favorablement. D'ailleurs, quand j'ai signé, j'avais conservé devant moi un an de trésorerie d'avance, c'est la seule solution pour mener à bien et dans de bonnes conditions la reprise d'une affaire ".

Incontestablement, les moyens financiers mais aussi l'expérience antérieure de chef d'entreprise des repreneurs auront été de sérieux atouts dans la renaissance du camping des Vignes d'Or.

La première saison générera 381.000 Euros de chiffre d 'affaires (2,5 millions de francs). Aujourd'hui, le CA oscille entre 915.000 et 1.070.000 Euros (6 à 7 millions de francs). Démarré avec un salarié, les BLIN emploient maintenant cinq personnes à l'année ainsi qu'une vingtaine d'employés saisonniers. Ce dernier poste étant d'ailleurs le plus délicat à gérer, le rendement et la stabilité de ce personnel posant beaucoup de problème malgré le bon niveau de salaire proposé.

Très rapidement, les BLIN vont saisir les exigences que leur impose leur nouvelle affaire. "Gérer, c'est prévoir, reprend Martial BLIN, or, de par nos activités antérieures, nous connaissons bien ce domaine et mon épouse s'occupe de la comptabilité. Nous avons aussitôt pris conscience de l'importance des mobile - homes pou nous développer. Depuis notre arrivée, nous avons remplacé 42 locatifs et nous envisageons d'en installer 15 supplémentaires pour la saison prochaine. Quant au résidentiel, nous gérons pour l'instant une centaine de parcelles et nous avons des projets pour augmenter les emplacements."

En effet, les BLIIN viennent de racheter un terrain de 1,5 hectares qui jouxte le camping des Vignes d'Or, ce qui devrait porte leur capacité en termes de résidentiel à 200 mobile - homes. Mais, pour l'heure, la mairie refuse l'extension et Martial BLIN doit se battre pour faire avancer le projet. A ce sujet, il déplore les tracasseries administratives permanentes qui enrayent la bonne marche des entreprises et qui finissent par être très démotivantes pour les chefs d'entreprise.

Mais, en qui concerne le mobile - home, Martial BLIN dispose encore d'une corde à son arc. En effet, dès le départ il s'est positionné en tant que vendeur et distribue également sur d'autre terrain que le sien. Ainsi, non seulement pour mieux rentabiliser, mais également pour limiter les risques, Martial et Laurence BLIN se diversifient au maximum en restant toutefois centrés sur leur activité de base : locatifs, résidentiel, location de Bengali, accueil de la clientèle de passage et négoce de mobile - home sont un tout sur lequel ils concentrent leurs efforts de développement.

Simultanément à la démarche commerciale, les BLIN restructurent le terrain et les équipements afin de mieux fidéliser la clientèle. Aussi, durant le hors saison, Martial réalise - t - il chaque année d'importantes tranches de travaux : "Je fais ce que je sais faire, dit - il, pour le reste, je m'adresse à des entreprises locales. Je ne suis pas assez riche pour acheter de la mauvaise qualité. Je n'hésite pas à mettre les moyens qu'il faut pour offrir des aménagements d'un excellent niveau. Or, malheureusement, je viens d'être très déçu en investissant 100.616 Euros auprès d'une société locale connue de toute la profession pour refaire les sanitaires. C'est un véritable désastre… Je me sens obligé de le dire par déontologie vis à vis de mes confrères."
En effet, lorsque l'on rentre dans le bâtiment, le décor est déplorable…

Mais, malgré ces incidents de parcours, Martial et Laurence BLIN tirent un bilan très positif de ce nouveau métier : "Nous avons multiplié notre actif par deux depuis notre arrivée, affirme Marial BLIN, et notre seul regret et de ne pas avoir tenté cette aventure dis ans plus tôt… En outre, chaque année, les résultats s'améliorent en même temps que le terrain s'organise."

Aujourd'hui, "les Vignes d'Or " se placent parmi les meilleurs campings de la région et le but des BLIN est en passe d'être atteint, En effet, l'objectif de départ est de laisser à leurs enfants, au moins en "francs constants", ce que leur ont laissé leurs parents. Non seulement ils sont sur le bon chemin, mais ils semblent bien partis pour faire largement mieux grâce à leur talent d'entrepreneurs.

Jean-Pierre GRELBIN



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