Martial et Laurence BLIN
commencent par visiter un hôtel en Bretagne. A cette occasion, Martial réalise qu'il est
incapable de rester 12 heures derrière le comptoir à attendre le client. Le couple
décident alors de changer leur fusil d'épaule et l'opportunité d'une annonce les amène
à s'intéresser à l'hôtellerie de plein air. Ils visiteront 17 affaires jusqu'au jour
où ils rencontreront Sébastien CANTAIS, un agent immobilier spécialisé de Montpellier,
qui leur propose le camping "les Vignes d'Or " à Valras Plage. " Nous
avons eu beaucoup de chance, déclare Martial, Sébastien CANTAIS est un bon professionnel
qui connaît bien le métier et qui, de surcroît, est un homme honnête. Nous lui avons
fait confiance et il faut reconnaître qu'il nous a bien conseillés ". En effet, la
première visite du camping n'est pas très encourageante. Le lieu est sale, mal
entretenu, et la gestion particulièrement floue. Mais l'agent immobilier sait que
l'affaire a du potentiel pour quelqu'un qui saurait s'y prendre. Il s'attache à le
démontrer à ses clients qui finissent par entamer une négociation. Celle-ci va durer un
an et la signature interviendra le 1er décembre 1997. L'affaire sera délicate, d'autant
que Martial et Laurence BLIN décident de ne pas reprendre la société existante qui est
à la limite du dépôt de bilan. Ils ne veulent donc pas courir le risque d'avoir, à
terme, à éponger un lourd passif. En revanche, cette décision occasionnera des frais
supplémentaires.

En cette fin d'année 1997, le camping "Les Vignes
d'Or " change donc de mains pour devenir la propriété de Martial et Laurence BLIN.
L'investissement s'élève à 838.469 euros (5,5 millions de francs) auxquels vont
s'ajouter 152.449 euros (1 million de francs) de frais de mutation. Cet achat se
matérialise par un terrain arboré de 4 hectares, situé à 2,5 km des belles plages de
sable de Valras, de deux blocs sanitaires en piteux état, d'un bureau d'accueil
déplorable et d'une piscine. Quant aux infrastructures telles que les réseaux
électriques, les adductions d'eau et le tout-à-l'égout, elles sont vétustes,
fonctionnent mal et ne répondent plus aux normes. En outre, le site est occupé par du
mobil-home résidentiel que l'ancien propriétaire a développé d'une façon anarchique.
Devant cette situation, les BLIN, dès leur arrivée, vont devoir s'attendre à faire du
grand nettoyage pour rendre le site un tant soit peu accueillant pour démarrer la saison.
Celle-ci se déroule d'une façon encourageante et Martial et Laurence BLIN s'apercevront
rapidement que l'affaire est effectivement fiable, qu'elle offre un réel potentiel mais
qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour fonctionner dans de bonnes
conditions. Dès la saison terminée, les nouveaux propriétaires se lancent dans de
grands travaux de remise en état. Camion, tracto-pelle, voiturette électrique sont
achetés et progressivement le terrain retrouve une belle allure. Simultanément, les
propriétaires de vieux mobil-homes installés depuis des lustres aux vignes d'Or,
n'apprécient plus outre mesure la nouvelle direction devenue plus exigeante sur la
propreté et la tenue des parcelles. Par conséquent, ils quittent peu à peu les lieux,
sans être pour le moins regrettés par Martial et Laurence Blin qui ont établi un
règlement strict pour que le site cesse de se dégrader par des implantations sauvages.
Ainsi les bons clients se plient-ils de bonne grâce aux nouvelles exigences, alors que
les mauvais libèrent rapidement les emplacements.

Pour Martial et Laurence BLIN, l'hôtellerie
de plein air est un métier facile : " Toutes les entreprises se gèrent de la
même façon, souligne Martial. En ce qui me concerne, je raisonne à l'ancienne, comme un
père de famille qui veut être tranquille
Quand on ne fait pas une course
effrénée à l'argent, on peut se faire plaisir et réaliser ce qu'on aime. Simplement,
il faut travailler. D'ailleurs pour réussir dans ce métier, il faut s'investir quinze
mois par an. De surcroît, dans une affaire de ce type, il est indispensable d'être en
mesure d'investir quinze mille euros chaque année pour que l'entreprise évolue
favorablement. D'ailleurs, quand j'ai signé, j'avais conservé devant moi un an de
trésorerie d'avance, c'est la seule solution pour mener à bien et dans de bonnes
conditions la reprise d'une affaire ".
Incontestablement, les moyens financiers mais aussi
l'expérience antérieure de chef d'entreprise des repreneurs auront été de sérieux
atouts dans la renaissance du camping des Vignes d'Or.
La première saison générera 381.000 Euros de chiffre
d 'affaires (2,5 millions de francs). Aujourd'hui, le CA oscille entre 915.000 et
1.070.000 Euros (6 à 7 millions de francs). Démarré avec un salarié, les BLIN
emploient maintenant cinq personnes à l'année ainsi qu'une vingtaine d'employés
saisonniers. Ce dernier poste étant d'ailleurs le plus délicat à gérer, le rendement
et la stabilité de ce personnel posant beaucoup de problème malgré le bon niveau de
salaire proposé.

Très rapidement, les BLIN vont saisir les exigences
que leur impose leur nouvelle affaire. "Gérer, c'est prévoir, reprend Martial
BLIN, or, de par nos activités antérieures, nous connaissons bien ce domaine et mon
épouse s'occupe de la comptabilité. Nous avons aussitôt pris conscience de l'importance
des mobile - homes pou nous développer. Depuis notre arrivée, nous avons remplacé 42
locatifs et nous envisageons d'en installer 15 supplémentaires pour la saison prochaine.
Quant au résidentiel, nous gérons pour l'instant une centaine de parcelles et nous avons
des projets pour augmenter les emplacements."
En effet, les BLIIN viennent de racheter un terrain de
1,5 hectares qui jouxte le camping des Vignes d'Or, ce qui devrait porte leur capacité en
termes de résidentiel à 200 mobile - homes. Mais, pour l'heure, la mairie refuse
l'extension et Martial BLIN doit se battre pour faire avancer le projet. A ce sujet, il
déplore les tracasseries administratives permanentes qui enrayent la bonne marche des
entreprises et qui finissent par être très démotivantes pour les chefs d'entreprise.
Mais, en qui concerne le mobile - home, Martial BLIN
dispose encore d'une corde à son arc. En effet, dès le départ il s'est positionné en
tant que vendeur et distribue également sur d'autre terrain que le sien. Ainsi, non
seulement pour mieux rentabiliser, mais également pour limiter les risques, Martial et
Laurence BLIN se diversifient au maximum en restant toutefois centrés sur leur activité
de base : locatifs, résidentiel, location de Bengali, accueil de la clientèle de passage
et négoce de mobile - home sont un tout sur lequel ils concentrent leurs efforts de
développement.

Simultanément à la démarche commerciale, les BLIN
restructurent le terrain et les équipements afin de mieux fidéliser la clientèle.
Aussi, durant le hors saison, Martial réalise - t - il chaque année d'importantes
tranches de travaux : "Je fais ce que je sais faire, dit - il, pour le reste, je
m'adresse à des entreprises locales. Je ne suis pas assez riche pour acheter de la
mauvaise qualité. Je n'hésite pas à mettre les moyens qu'il faut pour offrir des
aménagements d'un excellent niveau. Or, malheureusement, je viens d'être très déçu en
investissant 100.616 Euros auprès d'une société locale connue de toute la profession
pour refaire les sanitaires. C'est un véritable désastre
Je me sens obligé de le
dire par déontologie vis à vis de mes confrères."
En effet, lorsque l'on rentre dans le bâtiment, le décor est déplorable
Mais, malgré ces incidents de parcours, Martial et
Laurence BLIN tirent un bilan très positif de ce nouveau métier : "Nous avons
multiplié notre actif par deux depuis notre arrivée, affirme Marial BLIN, et notre seul
regret et de ne pas avoir tenté cette aventure dis ans plus tôt
En outre, chaque
année, les résultats s'améliorent en même temps que le terrain s'organise."
Aujourd'hui, "les Vignes d'Or " se placent
parmi les meilleurs campings de la région et le but des BLIN est en passe d'être
atteint, En effet, l'objectif de départ est de laisser à leurs enfants, au moins en
"francs constants", ce que leur ont laissé leurs parents. Non seulement ils
sont sur le bon chemin, mais ils semblent bien partis pour faire largement mieux grâce à
leur talent d'entrepreneurs.
Jean-Pierre GRELBIN |